L’incontinence urinaire après le cancer de la prostate
Le cancer de la prostate a touché 24 600 Canadiens en 2010 et son incidence connaît une augmentation progressive en raison des dépistages plus précoces. Depuis 1980, la prise en charge plus rapide de ce cancer a réussi à réduire son taux de mortalité de façon considérable. L’une des interventions pour le traiter consiste à faire le retrait total de la prostate : la prostatectomie radicale.
Figure 1 : L’anatomie du système urinaire masculin
La prostate est la glande qui englobe l’urètre à sa sortie sous la vessie. Elle va sécréter une composante du liquide spermatique et va se contracter pour permettre l’éjaculation. L’une de ses fonctions est également d’empêcher le sperme de remonter vers la vessie lors de l’éjaculation. De par sa position englobant l’urètre, elle contribue à la fermeture de ce dernier et donc, à la continence urinaire. Les vésicules séminales sont les réservoirs du sperme rattachés à la prostate.
La prostatectomie radicale consiste en l’ablation de cet organe et/ou des vésicules séminales. Étant donné la position de la prostate, son retrait peut entraîner un relâchement anatomique de l’urètre, et ainsi des troubles urinaires. Un canal de l’urètre avec un diamètre plus ouvert et un col de la vessie plus relâché risquent de subir plus d’écoulements, entre autres lors d’un effort physique et lors des changements de position. Des troubles d’ordre sexuel peuvent également survenir. En effet, la chirurgie peut dans certains cas toucher la fonction des nerfs responsables de l’érection, selon l’étendue du cancer.
Figure 2 : La prostatectomie radicale
Ainsi, des fuites urinaires parfois importantes peuvent se produire initialement lors du retrait de la sonde après la chirurgie. On estime que 60 % des patients auront un trouble d’incontinence urinaire à cette étape de leur traitement. Les hommes peuvent alors se plaindre de fuites urinaires à la toux et aux changements de position vers la position debout, de pertes retardataires quelque temps après la miction, etc. Cette complication d’incontinence urinaire évolue habituellement de façon favorable, puisque 16 à 20 % des hommes ayant subi cette chirurgie auront encore ces troubles après un an.
La physiothérapie en rééducation périnéale est recommandée par les médecins et vise le renforcement des muscles du plancher pelvien afin de contribuer à une meilleure fermeture de l’urètre. Votre physiothérapeute expert en rééducation périnéale pourra vous conseiller en matière de bonnes habitudes hydriques, de contrôle de la constipation, de techniques de contrôle des envies urinaires et d’intégration de bonnes contractions périnéales aux moments opportuns. Il est important de bien s’hydrater, surtout pendant les trois premiers jours suivant le retrait de la sonde urinaire en postopératoire. Habituellement, un retour progressif à une hydratation quotidienne équivalant à 4-8 tasses de liquides (1-2 litres) est recommandé. Limiter certains irritants de la vessie (caféine, sucre, aliments acides, etc.) permet un meilleur contrôle des envies urinaires pressantes.
Plusieurs produits d’incontinence urinaire s’offrent aux hommes et il peut être difficile de bien choisir celui étant le mieux adapté à leur situation. L’un des rôles de votre physiothérapeute en rééducation périnéale est de vous guider vers le produit optimal pour votre condition. Par ailleurs, il pourra vous assister afin que votre plancher pelvien retrouve une bonne force musculaire, et s’assurer que ce dernier travaille conjointement avec les autres muscles stabilisateurs du tronc et de l’abdomen. En effet, le plancher pelvien collabore avec le diaphragme (muscle responsable de la respiration), les multifides et le transverse de l’abdomen pour une fonction optimale.
Figure 3 : les muscles stabilisateurs du tronc et du bassin
Chez Physiothérapie SN+, un physiothérapeute spécialisé en rééducation périnéale saura vous guider vers une meilleure qualité de vie et ce, en équipe, avec vous!
Écrit par Karine Dupuis, physiothérapeute
Figures tirées du document :
Fiche Info-Patient : Prostatectomie Totale (2012). Association Française d’urologie. www.urofrance.org, mai 2012.